Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

le blog d'un "vrai gens" de la France d'en bas

27 février 2007

De la médiocritude de nos intellectuels (merci Moati?)

J’imaginais une émission pacifiée où les arguments les plus pertinents et les plus honnêtes les uns que les autres seraient confrontés dans le but d’aboutir à un consensus qui ne serait pas mou, mais raisonné et au service de la prise de décision du peuple (dans le sens le plus noble).

Bref, une base solide de repères sur laquelle chaque citoyen aurait pu s’appuyer pour affiner son choix.

Or qu’a-t-on vu à cette émission? Un vrai café de la gare où nos intellectuels, défendaient le plus souvent, le plus bêtement et sans aucune nuance, leurs positions (majoritairement pro ou anti-Royal, pro ou anti-Sarkozy) à coup d'attaques personnelles, de postures et de mauvaise foi.

Aucun cliché, aucun lieu commun, aucune approximation ne nous furent épargnés.

A l'heure où l'on critique durement (non sans raison) les émissions où des "vrais gens" sont inviter à remplacer nos catastrophiques journalistes pour poser de "vraies questions" aux hommes politiques, voilà une émission qui prouve de façon éclatante qu'une émission constitués que d'intellectuels (plus ou moins avérés) ne vole guère plus haut...

Ce fut très décevant (mais finalement assez éclairant) de voir à quel point les fulgurances intellectuelles ne servent qu’à la polémique stérile, aux petites piques ou au cabotinage (mention spéciale comme toujours à Jean-François Khan et Philippe Sollers).

On attendait au contraire des intellectuels qu’ils soient les gardiens intransigeants de l’honnêteté intellectuelle de leur propre camp.

On aurait aimé que l’intellectuel de gauche soit celui qui reconnaisse le plus simplement et avec force démonstration, les légitimes doutes sur la candidate Royal et celui qui nuance le mythe du « Sarko Nazy ». On aurait adoré voir l’intellectuel de droite (une fois admis que l’on n’a pas affaire à une oxymore) être le plus lucide face aux inquiétude suscitées par la personnalité du candidat de l’U.M.P., le plus rigoureux sur le constat du bilan de ses cinq années en tant que ministre de l’intérieur et qui reconnaîtrait à la présidente de la région Poitou-charentes quelques qualités qui pourraient la rendrait digne d’exercer la fonction de président de la république.

A la fin de cette cacophonie où chaque soliste s’était échiner à jouer sa partition (ce qui était visiblement le but initial de Moati, de plus en plus décevant), j’ai pourtant réalisé qu’il n’en pouvait être autrement dans ce type d’émission.

En effet, cette émission fut finalement très intéressante pour son naufrage complet qui traduit un profond malaise du monde intellectuel français et de sa place dans la société.

D’abord le titre d’intellectuel est extrêmement flou en France, on l’attribut souvent aux grés de ses amitiés (pour ne pas dire de ses connivences) et de ses sympathies idéologiques. Pire, nombreux sont ceux qui se le sont attribué.

Dans cette émission, deux écrivains (Dan Franck et le cabotin Philipe Sollers) furent invités alors que si le statut d’artiste est mérité, il n’est pas flagrant qu’ils aient réellement mérité, le titre d’intellectuel.

Ensuite, en France, l’intellectuel est vu comme un super-héros de la pensée qui doit avoir un avis pertinent sur tout et n’importe quoi, qui ne se prive d’ailleurs pas pour venir en faire état dans la moindre émission de télévision ou de publier tout les deux jours ses réflexions profondes dans les pages débats des grands quotidiens.

Même si 99% des sujets abordés par ses fins esprits sont à des années-lumière de leur domaine de compétence.

Bien sûr, l’intellectuel est presque par définition celui qui sort de son cadre naturel, pour porter sur la place publique une parole qu’il juge indispensable. Mais il a aussi, et surtout le devoir moral de consciencieusement s’investir dans le sujet qui l’a touché jusqu’à en posséder une connaissance la plus exacte possible.

Sinon, on est dans le domaine de la posture facile et médiatiquement racoleuse, du verbiage certes habile et techniquement parfait (je reviendrai d’ailleurs sur cet aspect), mais uniquement basé sur des sentiments (aussi honorables soient ils) et des contresens qui sont d’ailleurs régulièrement pointés du doigts par les véritables experts.

Aussi, lorsque l’on gratte un peu, il n’est pas illégitime de se demander sur quelle base, les propos de ces personnalités méritent d’être singularisées à ce point - via une médiatisation assez soutenue - de celle du citoyen lambda ?

Quelle est la compétence d'un historien, d'un écrivain, d'un philosophe pour disséquer un programme et se prononcer sur la valeurs d'un candidat à la présidentielle, je veux dire, quelle est la réelle plus value apportée par l'analyse des ces intellectuels?

Benjamin Stora est certes un historien de premier plan, dont le travail sur l’histoire de la colonisation du Maghreb est jugé remarquable par ses pairs, mais il n’a eu sur la campagne présidentielle que ses sentiments personnels à nous proposer, dont un savoureux « la gauche est du coté des pauvres et la droite est du coté des riches », que la grande Simone du bar « Chez le gros dédé » n’aurait pas désavoué.

Dan Franck a paru perdu et effacé et a tenté de nous montrer que le grand méchant sarko, faisait lui aussi des bourdes non relevées par les médias complices.

Seulement voilà, là où on attendait d’un intellectuel, une démonstration implacable (la bourde, pourquoi c’est une bourde et comment la presse l’a ignorée), on n’a eu droit qu’à une énumération de propos de Nicolas Sarkozy qui s’ils sont en effet erronés, ne constituent pas forcément une bourde.

Par exemple, N.Sarkozy s’est trompé sur le nombre de bénéficiaires du S.M.I.C. (50% au lieu des 17%).

Mais là où un sarkozysme effréné pousserait à minimiser et une royalitude (la plénitude de l’adhésion à la personne de Mme Royal) à crier à l’affaire d’état, on aurait aimé voir dan Franck nous expliquer que cette erreur sur le nombre exact n’est pas qu’un lapsus mais une erreur très profonde parce que c’est peut être sur ce chiffre que le candidat de l’U.M.P. aurait baser sa politique. Et là, ce serait extrêmement grave.

Hélas, on n’en saura rien, à moins de faire soit même le boulot.

Philippe Sollers, de plus en plus désagréablement pathétique, a cabotiné jusqu’à ce que mort s’en suive, sur le thème –visiblement nouveau pour notre Casanova du pauvre -de l’artiste transporté par le romanesque de l’aventure « Ségolène Royal présidente».

Peut on faire pire comme cliché de l’artiste engagé ? 

Jean-François Khan s’est époumoné (pléonasme) sur son tube «

Alain Finkielkraut (dont je ne suis pas un grand fan) sommé d’assumer son sarkozysme, m’est apparu comme le seul avec Minc qui ait tenté (j’ai pas écrit « réussi ») de présenter des positions argumentées.

Bon, d’accord, s’étaient deux anti-royal extrêmement violents avec leur cible.

Mais la violence de leur propos est peut être justifiée (l’infantilisation des électeurs par Mme Royal, la relative faiblesse -au niveau des présidentiables- de son c.v. et son caractère extrêmement autoritaire, ne sont pas des mythes) et ce n’est pas de ma faute, si les « intellectuels pro-royal » furent aussi mal castés. Jacques Attali (qui aime relire l’histoire en expliquant qu’il est celui qui aurait repéré Ségolène Royal, alors que c’est François Hollande qui lui avait vraiment tapé dans l’oeil) n’aurait pas sauvé l’émission, mais il aurait été sans doute beaucoup plus habile à défendre son ancienne « protégée ».

Finalement, seul Alain Minc semblait posséder la compétence pour réellement juger de la valeur des programmes. J’écris « semblait » car Mr Minc est bien connu dans le milieu médiatico-politique pour bénéficier d’une influence inversement proportionnelle à la réelle acuité de sa vision économique et politique. Il est souvent présenté –Avec son « jumeau » Jacques Attali – comme la caricature du personnage médiatiquement présenté comme un brillant cerveau qui a régulièrement  écrit  de brillants livres (encensés par les journalistes amis, voire complices) mais où il se serait lamentablement trompé (par exemple en comparant les prévisions de l’ouvrage et de la réalité dix ans après) pour ensuite écrire des ouvrages encore plus brillants (idem) pour expliquer leurs erreurs qui d’ailleurs n’en sont pas vraiment…

Bref, on est loin des autorités intellectuelles des sciences dures (maths, sciences physiques, génie génétique, etc) qui sont réputés dans le monde entier. Sans surprise, ces intellectuels incontestables (Alain Connes, Jean-Pierre Luminet, etc) sont peu ou quasiment jamais invités dans ce type d’émissions.

Je me suis toujours demandé, ce que dirait un professeur réputé d’économie d’Harvard ou du M.I.T. après avoir lu un article d’Attali ou de Minc…

Enfin, l’intellectuel français est celui qui est tellement bien formé (souvent par le cursus prépas+grande école) techniquement (maîtrise de la langue, éloquence, prose, sens de la répartie et de la formule) qu’il peut tordre la réalité pour la faire correspondre à sa posture.

Car aujourd’hui pour la quasi-totalité de nos intellectuels (surtout en sciences humaines), la posture précède la réflexion. C’est sans doute pour cela que notre pays est celui qui compte le plus d’intellectuels « brillantissimes » qui se sont toujours lourdement trompés (Jean Paul Sartre étant l’exemple caricatural).

C’est pourquoi la parole de l’intellectuel continue d’être anormalement médiatisée et de susciter une certaine curiosité, heureusement il semble qu’elle n’ait jamais réellement pesé dans le débat politique (cf les élections de Jacques Chirac en 1995 et 2002 ou le non au référendum sur le traité constitutionnel).

Ceci est extrêmement rassurant et c’est peut être le signe que les citoyens ont bien compris qu’à la différence de la situation qu’ils vivent, les intellectuels ont cette fantastique chance de vivre dans un pays où leur situation sociale (qui en France va de pairs avec le statut d’intellectuels) les avait mis, les met et les mettra à l‘abri des tous les éventuels heurts conséquents aux élections. Ils ne seront jamais victimes des erreurs politiques commises par tel ou tel candidat.

L’électeur lambda n’écoutent donc plus ces éternels « conseilleurs » (pas sûr que ce mot existe) qui ne seront jamais des « payeurs ».

Publicité
Publicité
21 février 2007

Allo Ségo bobo!

Voilà, moi aussi, je cède à la lourde tendance du blog.

Si je n'y avais pas encore succombé, c'est que je n'avais pas encore ressenti à ce point le désir de hurler un sentiment. D’ailleurs, jusqu'à aujourd'hui, les divers fora (celui de l'émission "Arrêt sur Images", etc.) ou blogs ("big bang blog") me suffisait.

Mais là, depuis la pathétique émission de Mme Ségolène Royal, je n'en peux plus!

Cette orgie obscène de pathos, m’a dégoûté au plus haut point, et me fais réaliser que non, décidément, il y a quelque chose de pourri dans la pratique de la politique française en général, et dans celle de Ségolène Royal en particulier.

Les citoyens sont de plus en plus infantilisés par la classe politique française, et si Mme Royal n’est pas à l’origine de ce phénomène, elle est sûrement celle qui l’amènera à son paroxysme.

Déjà, à la décharge de la candidate socialiste, ce type d'émission ne permet rien d'autre qu'une litanie de récriminations qui ne se résume qu'au soucis de sa propre personne.

On a enfin, un politique sous la main, on va donc exposer ses problèmes persos.

Le problème, c'est que la politique, c'est au contraire le traitement le plus efficace et le plus humain de problèmes qui touchent l'ensemble de la société. C'est précisément le domaine, où l'on doit dire à un individu: "au nom de l'intérêt général, je dois prendre une mesure qui ne te satisfera pas".

Mais qu'a t-on vu dans ce type d'émissions (que cela soit sur la une, la deux et bientôt sur la trois)?

Des politiques donnant presque toujours (au pifomètre, 99,99% des cas) raison à leur interlocuteur, et leur promettant la mesure parfaite pour résoudre leur problème.

Evidement, avec la posture de la présidente de la région Poitou-Charentes, cette tendance ne pouvait qu'atteindre son zénith.

Mais à ce point là?

Je n’ai supporté (en tout et pour tout) que 15 mn de cette émission, et j’ai par exemple ponctuellement zappé de dégoût, lorsque j’ai vu l’ex madone des sondages, profitant d’un moment de faiblesse d’un handicapé qui relatait avec émotions ses difficultés, pour fondre sur lui.

J’ai l’impression que la gauche en général et Ségolène Royal en particulier, semble se nourrir de la souffrance tels des vampires.

Jésus aurait dit « là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je me trouve au milieu d’eux ».

Royal nous dit, « là où deux ou trois sont en difficultés, je suis là pour les aider ».   

Il y avait également, un côté « bonne nuit, les petits » dans cette émission.

J’ai même cru à un moment qu’elle allait donner le sein à ces « vrais français » et qu’elle allait les border (après qu’ils avaient fait leur rôt).

Mon père, m’a d'ailleurs avoué qu’il avait dormi devant sa télévision en regardant l’émission…Mais il n’a pu s’empêcher d’ajouter : « bah, que veux tu, c’est ce que l’on veut entendre ».

Mme Royal semble souffrir d’une forme politique du syndrome de Münchhausen par procuration.

Ce n’est pas cela la politique :

On ne doit pas faire la politique à l’aune des souffrances ou des difficultés de certaines catégories socioprofessionnelles.

Par exemple, on ne construit pas les programmes scolaires en se basant sur le niveau des élèves les plus faibles (ni des plus forts non plus).

Attention, je ne nie pas les difficultés que rencontrent certaines personnes dans notre société, mais elles ne doivent jamais servir de bases, ni d'aiguillons.

La politique doit se construire autours des situations normales (dans la norme), puis, parce que nous avons également la volonté, le désir de ne laisser personne sur le bord, on aménage des dispositifs qui compensent les  dérives du système.

Nous avons tous déjà vécu, ou assisté à la situation suivante : un enfant (disons 3, 4 ans) tombe et se fait un peu mal.

Si le parent (souvent le père) encourage l'enfant à se relever et minimise l'incident avec force sourires, l'enfant-un peu ébété au début- se remettra à jouer sans problèmes. Si par contre, le parent se précipite sur l'enfant en dramatisant la chute de façon excessive, alors l'enfant se mettra à pleurer à chaude larmes.

La politique doit être libératrice, et non maternante.

Publicité
Publicité
le blog d'un "vrai gens" de la France d'en bas
  • Rélexions diverses et variées, expertise de sa propre vie d'un "vrai gens" qui se trouve extremement demuni devant l'échéance de 2007. Et qui a la légère impression de n'avoir le choix qu'entre deux faces d'une même pièce populiste. Au secours, aidez mo
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité